Jean Castex a-t-il raison d’affirmer que «96% des 18 000 cas» annoncés mardi ne sont pas vaccinés ?
Ce mercredi, le Premier ministre était sur le plateau de TF1. Il a été interrogé sur l’augmentation du nombre de cas de Covid-19 en France. Le Premier ministre a commis une erreur en utilisant un chiffre issu d’une étude de la Drees et en la rapportant aux cas recensés par Santé publique France.
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La France fait face à une « flambée épidémique » en raison de la propagation du variant Delta du Sars-CoV-2, a déclaré Jean Castex, mercredi 21 juillet, sur TF1. Quelque 18 000 cas positifs ont en effet été détectés sur le territoire en 24 heures, selon les derniers chiffres de Santé publique France.
Pour contenir cette poussée, le Premier ministre a fait la promotion de la campagne de vaccination. Et il l’a défendue en mettant en avant une statistique : « 96% de ces 18 000 cas n’étaient pas vaccinés. »
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▶🔴 « On est dans la quatrième vague. Le variant #Delta est là, il est majoritaire… +140% en 1 semaine, 18.000 cas » de #Covid19 hier… Et 96% de ces 18.000 cas n’étaient pas vaccinés » : @JeanCASTEX dans #LE13H de @TF1 @LCI > https://t.co/OCC41zPBjv. pic.twitter.com/QTU3gqteAq
— TF1LeJT (@TF1LeJT) July 21, 2021
Sauf que Jean Castex commet une erreur. Les services de Matignon ont d’ailleurs confirmé au HuffPost et au Parisien que le Premier ministre tirait ce chiffre de 96% non pas des dernières données de Santé publique France mais d’une étude mentionnée par le ministre de la Santé Olivier Véran et menée par Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques portant sur la période du 28 juin au 4 juillet. Pas sur les 18 000 nouveaux cas journaliers, donc.
96% des patients positifs au #covid19 et présentant des symptômes n’étaient pas vaccinés. Le vaccin vous protège. Le vaccin nous protège.
— Olivier Véran (@olivierveran) July 15, 2021
Malgré son erreur sur TF1, le chef du gouvernement a repris le même chiffre, dans l’après-midi, devant les sénateurs, en changeant légèrement de version : il a évoqué « 96% des personnes contaminées ces jours derniers » qui n’étaient pas vaccinées.
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Attention à ne pas mal interpréter cet indicateur
Il n’est pas possible de dire précisément quelle est la part de non vaccinés parmi les 18 000 cas positifs recensés en 24 heures entre lundi et mardi. Mais il faut aussi rappeler que ce genre de statistiques, de nature à frapper les esprits, est à interpréter avec précaution. Plus la couverture vaccinale augmente, plus la part de vaccinés parmi les cas positifs sera importante, comme le montre notre infographie et comme nous l’avions expliqué fin juin.
image: Le Parisien
En poussant le raisonnement jusqu’au bout, si 100 % d’une population était vaccinée, 100 % des cas positifs (mais aussi des hospitalisations et des décès) seraient vaccinés. Ceci s’explique par le fait que les vaccins sont très efficaces, surtout contre les formes graves de la maladie, mais pas à 100 %.
Une statistique qui concerne les patients symptomatiques
Mais ce n’est pas exactement ce que disent les données de cette étude réalisée par la Drees (PDF). En effet, dans ce panel de personnes positives au Covid-19, 80% n’étaient pas vaccinées, 3% avaient reçu une première dose récemment, 11% une première injection quatorze jours auparavant et seulement 6% étaient complètement vaccinées, ce qui fait donc 94% et non 96% qui n’étaient pas totalement vaccinés.
Chez les personnes testées positives et symptomatiques, les proportions sont assez proches : 80% n’étaient pas vaccinées, 4% avaient reçu une première injection récemment, 9% une première dose quatorze jours auparavant et seulement 4% étaient complètement vaccinées. C’est avec cette dernière donnée qu’émerge le chiffre de 96% de non-vaccinés.
Mais, là encore, Jean Castex se montre imprécis – contrairement à Olivier Véran, qui fait bien la nuance – puisque la statistique qu’il mentionne concerne précisément les cas positifs symptomatiques et non pas l’ensemble des cas positifs (qui englobent les personnes symptomatiques et asymptomatiques).
Au-delà des approximations du chef du gouvernement, cette étude est à prendre avec précaution, comme l’a expliqué franceinfo. La Drees a souligné plusieurs biais et notamment le fait que les personnes non-vaccinées sont « surreprésentées » chez les personnes qui se font tester. « Il est également possible que les personnes vaccinées, moins inquiètes que les autres, se fassent moins tester et ce, même en présence de symptômes », écrit-elle.