«Des chasseurs reçoivent des menaces de mort» après qu’un ours a été abattu dans l’Ariège
Un jeune ours mâle a été découvert mort, mardi 9 juin, à Ustou en Ariège, abattu par plusieurs balles, alors que l’espèce est protégée. De nombreuses plaintes ont été déposées par des chasseurs pour des palombières détruites, des agressions verbales mais aussi des menaces de mort. Une enquête a été ouverte.
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On le sait, les relations entre anti-ours et pro-ours ne sont pas au beau fixe depuis des années en Ariège. Un climat délétère qui s’est encore renforcé depuis un mois après la découverte d’un ours abattu par balles sur la commune d’Ustou en Ariège. Et depuis, « c’est la chasse qui est mise à l’index, même si elle était fermée au moment des faits » selon Jean-Luc Fernandez, le président de la fédération des chasseurs de l’Ariège. Il regrette la mort de cet ours, mais regrette encore plus que des chasseurs soient maintenant obligés de porter plainte.
image: Illustration. — Mourad Allili / Sipa
Devant la cathédrale Saint-Etienne, le président de la fédération des chasseurs de l’Ariège a témoigné de la situation de plus en plus tendue dans son département entre opposants et partisans du plantigrade. « 14 plaintes ont déjà été déposées depuis le début de l’année », explique-t-il.
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Ces démarches peuvent concerner des palombières ou des postes de tirs détruits, des agressions verbales, mais pas seulement. « Des chasseurs en Ariège reçoivent des menaces de mort » lance Jean-Luc Fernandez, qui a constaté une hausse de ces actes, notamment sur les réseaux sociaux, depuis qu’un ours a été retrouvé tué par balles à Ustou, le 9 juin.
Un ours a été découvert aujourd’hui en Ariège, abattu par balles. L’ours est une espèce protégée, cet acte est illégal et profondément condamnable. La préfète s’est rendue sur place. L’Etat va porter plainte. pic.twitter.com/tlMPzmsvyf
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) June 9, 2020
Le corps de l’animal a été transporté à l’Ecole vétérinaire de Toulouse pour une autopsie, dont les résultats n’ont pas encore été communiqués, qui doit déterminer son identité exacte et, surtout, les circonstances du décès. Le procureur de l’Ariège a ouvert une enquête, confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Saint-Girons pour « destruction d’espèce non domestique protégée », une infraction passible de 150 000 euros d’amende et de trois ans d’emprisonnement.
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L’ours brun est protégé par un arrêté interministériel de 1981, fixant la liste des mammifères bénéficiant d’une mesure de protection, ainsi que par la directive européenne dite Habitats de 1992. Des éleveurs, du groupe de pastoralisme de la vallée voisine d’Ustou, ont été auditionnés. Rencontre fortuite avec un éleveur, braconnage ? L’enquête devra déterminer les causes de cette mort, la première de la sorte depuis novembre 2004 et la découverte de la dernière ourse de souche pyrénéenne, Cannelle, abattue par un chasseur.
Il faut savoir que depuis sa réintroduction dans les Pyrénées en 1991, l’ours est une source de tensions entre ceux qui militent pour sa survie et les éleveurs locaux, dont le bétail est attaqué par l’animal.
Selon des chiffres officiels émanant d’une consultation publique, les ours auraient tué 1 173 animaux et détruit 36 ruches en 2019.