En Afghanistan, une dizaine de femmes manifestent contre le port obligatoire de la burqa, imposée par les talibans (vidéo)
Depuis le retour au pouvoir des Talibans, en août dernier, les droits des femmes afghanes sont mis à mal. Après avoir été interdites d’aller à l’école et de travailler, elles sont désormais sommées de « rester à la maison ».
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Ce samedi, le gouvernement a publié un décret ordonnant en effet aux femmes de couvrir intégralement corps et visage dans l’espace public. Les talibans ont précisé que leur préférence allait, au nom de la « tradition », à la burqa, ce voile intégral le plus souvent bleu et grillagé au niveau des yeux, mais que d’autres types de voile ne laissant apparaître que les yeux seraient tolérés. Ils ont aussi estimé qu’à moins que les femmes n’aient de raison pressante de sortir, il était « mieux pour elles de rester à la maison ».
« Justice, justice ! La burqa, ce n’est pas notre voile. » Une dizaine d’Afghanes ont manifesté, mardi 10 mai, la plupart le visage découvert, dans les rues de Kaboul, pour protester contre la décision des talibans de rendre obligatoire pour les femmes le port du voile intégral en public. Ces femmes ont réussi à marcher sur près de 200 m dans le centre de la capitale, avant d’être stoppées dans le calme par des combattants talibans qui ont aussi intimé à la presse de quitter les lieux.
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« Nous voulons vivre comme des êtres humains, pas comme des animaux retenus captifs dans le recoin d’une maison », a déclaré publiquement l’une des manifestantes. A Kaboul, le décret n’a pas été immédiatement suivi d’effets, nombre de femmes continuant à marcher dans les rues le visage découvert, ou alors le cachant à l’aide d’un masque.
A group of women took to the street today in Kabul to protest against the new Taliban’s decree regarding the compulsory all-covering burqa.
“Burqa is not our hijab, don’t hold Afghan women hostage.”
Video: submitted to Rukhshana media. pic.twitter.com/3EmZQWwOdq— Rukhshana Media (@RukhshanaMedia) May 10, 2022
Le mouvement réprimé
Ces nouvelles restrictions, dénoncées notamment par l’ONU et les Etats-Unis, confirment la radicalisation des talibans, qui avaient initialement tenté de montrer un visage plus ouvert que lors de leur précédent passage au pouvoir entre 1996 et 2001.
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Ils avaient alors privé les femmes de presque tous leurs droits, leur imposant notamment le port de la burqa. Mais les islamistes ont rapidement renié leurs engagements, excluant largement les femmes des emplois publics, leur interdisant l’accès à l’école secondaire ou encore restreignant leur droit à se déplacer.
Ces deux dernières décennies, les Afghanes avaient acquis des libertés nouvelles, retournant à l’école ou postulant à des emplois dans tous les secteurs d’activité, même si le pays est resté socialement conservateur.
Après le retour au pouvoir des talibans en août, des femmes ont d’abord essayé de faire valoir leurs droits en manifestant à Kaboul et dans de grandes villes. Mais le mouvement a été férocement réprimé, nombre de militantes étant arrêtées et pour certaines détenues, parfois pendant plusieurs semaines, et les manifestations sont devenues extrêmement rares.