Le pass sanitaire pourrait être conditionné à une troisième dose
Alors qu’une troisième dose de vaccin est recommandée pour les plus fragiles, seul un tiers des personnes éligibles l’ont reçu pour l’instant. Le gouvernement pourrait jouer sur le maintien du pass sanitaire pour inciter à faire ce rappel.
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La 3e dose de rappel de vaccin contre le Covid-19 sera-t-elle bientôt requise pour valider son passe sanitaire ? C’est une petite musique qui monte : si le rappel n’est pas requis pour le moment, la situation pourrait changer dans les prochaines semaines. Un moyen pour l’exécutif de pousser les injections, alors que le rythme actuel est jugé insuffisant.
Invitée d’Europe 1 ce jeudi matin, la ministre du Travail a ainsi déclaré que le gouvernement envisageait la possibilité de supprimer le passe sanitaire pour les personnes refusant de faire la troisième dose. «C’est quelque chose que l’on regarde, ça n’est pas décidé. L’intérêt c’est de rester protégé avec ce vaccin», a affirmé Élisabeth Borne.
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«Quand vous êtes une personne âgée vaccinée depuis plus de six mois, c’est vraiment très important, on sait que l’immunité baisse fortement au bout de six mois, donc il faut absolument faire cette troisième dose», a justifié la ministre. Quand la journaliste Sonia Mabrouk lui répond que cela «peut pénaliser» certaines personnes, la ministre tente d’encourager les Français à la troisième dose : «Vous savez, on est là pour protéger les Français face au virus».
La veille, le porte-parole du gouvernement était resté prudent sur les évolutions à venir concernant le lien entre le rappel et le passe sanitaire. «Aujourd’hui, la troisième dose, ou le rappel vaccinal, n’est pas requis dans le cadre du passe sanitaire», avait rappelé Gabriel Attal, sous-entendant que cette situation pouvait évoluer.
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Elisabeth Borne n’exclut pas la perte du pass sanitaire pour ceux qui refuseraient la 3e dose : « C’est quelque chose que l’on regarde, ça n’est pas décidé » #Europe1 pic.twitter.com/NGwI3INMKW
— Europe 1 🎧🌍📻 (@Europe1) October 14, 2021
Car si la «campagne de rappel française apparaît plus dynamique que celle des autres pays», selon le ministère de la Santé, reste que les injections progressent trop lentement. 1,73 million de doses de rappel ont été administrées, mi-octobre, sur plus de «4,5 à 5 millions de personnes» éligibles. «Ce n’est clairement pas suffisant pour garantir dans la durée le niveau de protection immunitaire contre le virus», s’est inquiété Olivier Véran cette semaine. L’extension du passe sanitaire à la dose de rappel pourrait donner un coup de fouet à la campagne.
Ce dossier risque de devenir particulièrement central si la dose de rappel est étendue à l’ensemble de la population : «l’administration d’une dose de rappel deviendra probablement nécessaire au cours des mois qui viennent», avertissait ainsi la Haute autorité de santé la semaine dernière.
Pas la priorité
Tant que la HAS n’a pas donné son avis, que le gouvernement devrait suivre, « c’est compliqué d’imposer le passe sanitaire avec une dose de rappel uniquement pour les personnes âgées », estime le député LREM Roland Lescure, interrogé par le Parisien. D’autant plus qu' »on n’a pas encore beaucoup d’éléments de preuves concernant le rapport bénéfice/risque chez les plus jeunes » selon l’épidémiologiste Antoine Flahault.
« La perte d’efficacité vaccinale paraît pour l’instant très minime chez les plus jeunes, avec une protection maintenue contre les formes graves », appuie Jean-François Delfraissy. « Un rappel en population générale n’est pas encore de mise », tranche l’immunologiste.
Au moment où le taux d’incidence repart légèrement à la hausse – une première depuis la mi-août – Gabriel Attal a prévenu mercredi qu’il existait « un risque non négligeable » de reprise de l’épidémie. Plutôt que de changer les modalités d’octroi du pass sanitaire, la priorité du gouvernement est donc de convaincre les personnes encore non vaccinées de tendre le bras. Et d’accélérer la campagne de rappel à destination des plus âgés et fragiles.