«Rentrez chez vous. Vous êtes le virus du Pays basque»: des messages hostiles adressés aux Parisiens placardés sur les murs

A Urrugne, au Pays basque, des messages peu avenants ont été adressés aux Parisiens venus s’installer dans la région quand la capitale passait en zone rouge.

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Sur un mur, sur un grillage… Des affiches hostiles aux visiteurs parisiens ont été découvertes en fin de semaine dernière à Urrugne, commune de 10 000 habitants coincée entre Hendaye et Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). « Parisiens, rentrez chez vous. Vous êtes le virus du Pays basque », proclamaient ces banderoles portant également la mention « Alde Hemendik », soit « Hors d’ici » en langue basque.

Des mots de rejet, sur fond de pandémie de Covid-19, qui semblent tournés vers les vacanciers venus de la capitale, comme vers ceux qui s’établissent localement. Des photos de ces affichages ont largement circulé sur les réseaux sociaux. Elles ont suscité de nombreuses réactions, le plus souvent indignées, pas toujours, a rapporté Sud-Ouest.

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Action «consciente et réfléchie»

Se félicitant de leurs actions, ils ont néanmoins souhaité expliquer « qu’il ne s’agissait pas de dénigrer tous les Parisiens ou Français venus s’installer en Pays basque ». Ils ont par ailleurs rendu hommage aux Français qui « ont su s’intégrer, respecter notre culture ».

La mairie d’Urrugne a fait enlever ces affiches et banderoles et le conseiller municipal Les Républicains Henri Levréro a dénoncé cette démarche. Or, certains habitants craignent de se retrouver face à une montée en flèche des contaminations, ce qui fut déjà le cas.

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«L’année dernière, quand les vacanciers sont arrivés, on s’est retrouvés au mois de septembre rouge ici», a déclaré l’un d’eux à TF1. D’autres se montrent plus modérés. «Dans le fond, ils ont respecté la règle. On leur dit qu’ils sont confinés un samedi et ils partent le jeudi. En fait, je pense que tout est un peu ridicule et illogique dans les règles actuelles», indique une riveraine.

Aux accusations de xénophobie, les auteurs répondent avec la terminologie de la gauche radicale abertzale (patriote, en basque) qu’ils sont engagés « contre le racisme et le fascisme, qu’il vienne des États français, espagnols, ou qu’il fasse irruption à Béhobie ». Allusion à la venue mouvementée, le 16 février, de la tête de liste du Rassemblement national, Edwige Diaz, dans la commune frontalière.

Longue explication

De plus, bien que le Pays basque soit « une terre d’accueil », il est également « une terre de conquête ». C’est le deuxième point qui pose problème. En effet, pour les auteurs des messages, « notre conquête s’est vue accélérer du fait de la crise sanitaire » et « la question du logement est un point clé ».

« La crise sanitaire a engendré entre autres les désirs de quitter les grandes agglomérations, le développement du télétravail, et le besoin de s’octroyer de plus grands espaces de vie. C’est dans ce contexte que de nombreuses personnes venues des quatre coins de France ont accouru, les poches remplies, envahir notre marché immobilier. Avec le résultat que nous connaissons tous : flambée des prix immobiliers, difficultés pour nos jeunes de se loger [ce qui les pousse] à s’exiler, et donc par conséquent perte de notre langue, culture, identité et valeurs. »

« C’est bien pour tout cela que nous avons porté ces messages. Nous en avons assez de devoir supporter cette situation, et nous ne resterons pas les bras croisés voyant le Pays basque, ses habitants, et ses richesses au bord de la disparition », ont-ils indiqué.

Pour conclure, les auteurs ont également réécrit un slogan plus élaboré : « Parisiens, rendez-nous nos biens, que nous gardions identité, culture, langue, tradition et liens ! »

Rien de nouveau

La campagne anti-Parisiens est apparue bien avant l’épidémie de Covid-19. Ainsi, des autocollants et des tags demandant aux Parisiens de «rentrer chez eux» avaient fleuri en octobre 2017 dans les rues de Bordeaux.

Le quotidien Le Parisien avait évoqué les reproches formulés aux habitants de la capitale. À l’époque, sur les autocollants, un TGV rappelait que l’Océane, la ligne à grande vitesse, reliait Paris à Bordeaux en deux heures au lieu de trois, ce qui, pour certains habitants de la ville, a provoqué l’inflation des prix de l’immobilier, la fuite des classes populaires et des bouchons supplémentaires.

Avec AFP